Pour Céline qui cherche son passeport! (et Mougs à jamais dans nos coeurs!)

12 février 2021

Lors de ma première visite à Rome en 2009, je me souviens que c’est une Israélienne qui m’avait fait visiter le Vatican. Alors quoi de plus naturel que de me laisser guider par une Française pour gravir la Tourelle?

Rendez-vous à 5 h 30 dans ma rue avec une grande partie du ‘gang’ de la place des voisins sympas! La mission du jour: rentrer avant l’heure du déjeuner parce que je ne raterai sous aucun prétexte le repas du Nouvel An chinois chez nos amis à La Preneuse! Bon, en même temps, nous y allons tranquillement, en mode balade et pas en mode sportif-en-quête-d’adrénaline.

Nous étions donc partis à 10 (11 si je compte Mougs, un pur-sang local – aussi connu sous le nom de maurichien – amatrice de randonnée) alors que le soleil se hissait paresseusement au-dessus de la montagne Rempart, teintant le ciel de Tamarin de 1000 nuances de rouges (C’était ma seconde baudelairienne/cornélienne).

Un moment d’honnêteté
Une légère appréhension m’a envahie et les questions ont commencé à s’accumuler dans mon petit cerveau. Est-ce que mes poumons de fumeuse allaient tenir le coup? Et mes cuisses de grenouilles… allaient-elles me lâcher? Je me rappelle que mon chéri m’avait dit la veille de porter des gants pour les parties de l’ascension qui nécessitaient l’utilisation de cordes… Arghh! Elles n’avaient rien de légères ces appréhensions!

Les choses sérieuses ont commencé lorsque, après avoir grimpé un petit escabeau bricolé en branches, nous devions choisir notre parcours. Deux sentiers s’offraient à nous : le sentier Z, le plus court et le plus « facile », et le sentier X, plus long et dur (Yep, ça ne s’invente pas!) Évidemment, nous avons choisi le parcours le plus simple, mais comme je m’y attendais, il n’était dénué ni d’intérêt, ni de surprises!

Aaaaah ces Mauriciens!
Les Mauriciens sont généralement fabuleux, mais comme je l’ai toujours pensé, ils sont capables du meilleur comme du pire! Ainsi, au beau milieu de nulle part, des flèches gravées sur des pierres indiquent la voie aux moments opportuns, et de généreuses âmes ont noué des cordes de plusieurs mètres de long laissées sur place pour faciliter les passages les plus escarpés.

De plus, des cairns (une sorte d’art rupestre 2.0 en 3D! 😀 ) forment une véritable exposition de petits totems en pierre, à la fois amusants et surprenants, sur un plateau où nous faisons une courte pause pour nous réhydrater.

À l’origine, les cairns servaient à guider les randonneurs sur les sentiers. Aujourd’hui, on les considère souvent comme de petites œuvres d’art éphémères et ludiques. Cependant, au fil du temps, cette pratique a posé problème. Certaines de ces structures se sont effondrées et ont blessé des enfants, par exemple. Dans certaines régions, notamment en France, il est désormais interdit d’en construire.

Cependant, il y a évidemment ceux que ma mère appelle couramment « ban lapatte graté », ceux qui se fichent éperdument de laisser des canettes de boissons gazeuses sur leur passage, ou qui gravent leurs noms sur les trois jeunes baobabs qui ont poussé au hasard du sentier menant au sommet. Pas cool du tout! Les constructions du type centres commerciaux ou immeubles d’appartements qui gâchent la vue ne sont pas cool non plus. Et oserai-je aborder le sujet des promoteurs sans scrupules qui, pour quelques millions de plus, érigent des aberrations en ignorant le bon sens, la gravité, l’écosystème et les dangers que cela représente? Mais je sais que je prêche des convaincus ici! En faisant abstraction de ces éléments disgracieux, la balade est agréable et une fois arrivés au sommet, la vue sur tout l’ouest est tout simplement incomparable.

Le monde à mes pieds!

Là-haut je me sens comme Dieu assis sur le rebord du monde; à cette altitude, tout n’est qu’observation, délectation, et contemplation. L’ascension difficile est vite oubliée, tout heureux que nous sommes de la récompense qu’est la vue. Là il ne restait plus qu’une chose à faire: hurler à pleins poumons: « Je suis le maître du monde » façon Titanic!

Il y a un côté vert et un côté bleu à cette ascension.

La descente c’est encore une autre histoire! L’avantage c’est que cette fois nous faisions face à la vue. Le désavantage, c’est que le sol est très sec et, à certains moments les cailloux et la terre friable se dérobaient littéralement sous nos pieds! Mais comme on dit souvent dans les films : « … careful what you wish for… »

À mi-chemin, une forte pluie s’est abattue sur nous. Je ne ruisselais plus de sueur, mais j’étais encore plus trempée. La terre formait une masse boueuse qui alourdissait nos semelles, les pierres étaient devenues glissantes. Hors de question d’aller plus vite sous peine de se rétamer. Ralentir serait une mauvaise idée, car l’état du sentier empirait de minute en minute. Il fallait juste avancer en évitant tous les pièges qu’une randonnée en montagne pouvait nous tendre !

Mougs n’a eu aucune difficulté à se faufiler sous les branches. Ce toutou était un véritable tout-terrain, quelle agilité et quelle énergie! Ceci dit, j’ai eu une pensée inquiète pour le groupe en pleine ascension que nous avions croisé quelques minutes avant le déluge!

Bilan et numérotation de mes abatis!

  1. À l’arrivée, j’ai cru entendre hurler mes orteils: « libère-nous, espèce de tortionnaire ». Tous ceux qui me connaissent savent que je ne porte jamais de chaussures fermées (enfin presque jamais)!
  2. Mes genoux papotaient en échangeant des clic et des clac.
  3. Ma coordination était bancale, j’avais l’air d’un pantin désarticulé.
  4. J’avais les paumes rougies et un peu douloureuses.
  5. Mon cerveau était en mode feux d’artifice.
  6. Mon coeur était plein de joie.
  7. Mes yeux ravis!

La Tourelle face B

Depuis quelque temps, La Tourelle est quelque peu tourmentée par des terrassements effrayants et des constructions de plus en plus risquées! Cependant, une question me taraude (écrit-elle, en se tordant de rire, en pensant que cela ne devrait plus être d’usage depuis quelques siècles!): Quand diantre – :p – le conseil de district comprendra-t-il que défigurer le paysage ne sera ni populaire, ni bénéfique pour la région qu’il administre, et encore moins pour leur position directement liée aux votes des administrés?

Petit cri du coeur en passant : cessez de donner des autorisations de construction à n’importe qui qui se présente avec un plan et un chéquier!