Texte: NM – Photos: NM et LMAD
Avant-propos par La Métisse : Lamu est une ville qui résiste encore et toujours à l’envahisseur ; l’envahisseur étant le temps et la modernité. Ces derniers n’ont aucun effet sur la vieille ville. Si c’était à moi de choisir un titre à ce billet, il se serait appelé Lamu l’increvable, ou Lamu, portail vers le passé. Mais c’est Le Chéri qui l’a rédigé, libre à lui de s’exprimer ! 🙂
Si je vous proposais de visiter le Kenya, vous rêveriez immédiatement de safari dans les plaines du Maasai Mara, ou vous imagineriez découvrir la capitale, Nairobi, mais je doute que vous vous voyiez sur une plage à la mer… Je suis allé au Kenya plusieurs fois, je connaissais les plages, plus particulièrement celle de Diani, qui est magnifique. Quand un collaborateur m’a conseillé de rajouter Lamu à notre voyage, ‘La Métisse’ et moi-même avons tout de suite dit oui… En plus de la mer, on adore visiter des sites historiques et nous imprégner de la culture des lieux qu’on visite ; Lamu est une destination idéale de ce point de vue.
Lamu est la plus vieille ville du Kenya, l’un des premiers endroits où le peuple Swahili s’est installé, la ville est d’ailleurs classée au patrimoine mondial par l’UNESCO.
Après un périple de plusieurs jours dans le Maasai Mara, nous voilà dans un petit avion, direction Lamu ! À une heure de vol de Nairobi, nous atterrissons sur l’île Manda. Il faut savoir que Lamu est faite de plusieurs îles dont les plus grandes sont Pate, Manda et Lamu. À notre sortie de l’aéroport, nous sommes enveloppés par l’humidité et la chaleur ambiantes, des porteurs de valises nous saluent et prennent très vite possession de nos bagages qu’ils portent sur l’épaule comme s’il s’agissait de simples sacs de pommes de terre ! On se dirige à pied vers le petit embarcadère qui est à un jet de pierre de l’aéroport… Direction l’hôtel Majlis où nous séjournerons. Notre bateau longe la côte de Lamu ; de loin, la ville historique est intrigante, il nous faut absolument la découvrir… Entretemps, nous approchons rapidement la plage devant le Majlis. C’est un hôtel d’exception que nous découvrons avec sa vue imprenable sur la baie de Ras Kitau et son architecture italo-swahilie.
Quelques heures seulement après notre arrivée, La Métisse s’est fait tatouer les deux bras au henné noir par Fatma. À l’hôtel, on lui disait qu’elle était à présent une véritable femme Swahili ; je la trouvais magnifique.
Le lendemain, nous rencontrons notre guide Saïb alors que nous accostons à une vieille jetée de pierre sur l’île de Lamu. J’ai visité plusieurs villes en Afrique et dans le monde, mais rien de ce que j’ai vu ne se rapproche de Lamu. Nous sommes tout de suite surpris par l’ambiance, le temps semble s’être arrêté depuis un bon siècle… Après quelques pas seulement, nous atteignons la rue principale de l’île qui est piétonnière. Nous comprenons vite que le principal moyen de se déplacer c’est à dos d’âne ! Notre guide nous raconte que presque toutes les familles en possèdent un et que chaque matin ils sont réveillés par leur équidé qui cogne à la porte pour réclamer sa nourriture ! Il y a bien quelques motos et deux ou trois tuk-tuk, mais les ânes sont omniprésents.
Les portes des maisons sont très particulières à Lamu, dans le temps, elles indiquaient le rang et la richesse du propriétaire, et dans bien des cas, les portes étaient même fabriquées avant la construction de la maison ! Souvent, nous nous arrêtons pour admirer et prendre des photos des portes à sculptures traditionnelles.
Notre guide nous dirige vite vers le cœur de la ville en empruntant un labyrinthe de petites ruelles bordées de maisons construites avec des briques faites à partir de coraux, qui donnent à certains coins de la ville une couleur de sable particulière.
En nous enfonçant davantage dans les entrailles de Lamu, l’odeur âcre des drains des bâtiments d’un autre temps importune les visiteurs ici et là. Après quelques minutes de marche, nous atteignons déjà la limite de la vieille ville où se tient une mosquée construite par un Comorien qui s’était installé sur l’île. La ville compte plus d’une vingtaine de mosquées, et une influence arabe très forte règne ; notre guide nous explique qu’il y a un grand respect entre les pratiquants des différentes religions sur l’île.
Nous redescendons vers la mer et passons par la grande place de la ville où se dresse un imposant bâtiment. C’est un fort construit en 1813 par l’Oman dans le but de protéger la ville contre des attaques des forces étrangères. Converti en prison à l’époque coloniale, il abrite aujourd’hui une grande librairie, un musée et est en partie réservé à des événements culturels. Nous profitons de la place pendant plusieurs minutes ; l’ambiance y est particulière, les gens sont assis sous un immense badamier. Leurs bavardages sont aussi sonores que ceux des chauves-souris qui ont élu domicile dans l’arbre. La rue est traversée de façon incessante par les citadins, les touristes et… les ânes ! Saïb nous raconte que si on veut rencontrer quelqu’un à Lamu, il suffit de se poster sur cette place au cœur de cette petite ville.
En continuant notre descente, nous sommes attirés par les petits ateliers d’ébénistes où les ouvriers penchés sur leurs œuvres nous accueillent. Les sculptures de l’île sont très connues dans cette partie de l’Afrique, et nous sommes admiratifs du travail de ces artistes, déçus aussi de ne pas pouvoir en ramener chez nous.
Le port est très petit, quelques bateaux font le va-et-vient, quelques autres, longtemps abandonnés, sont couchés sur un banc de sable agonisant silencieusement… Un peu plus loin, un bateau fait office de station d’essence, et les livraisons se font par bidon à l’aide de petites pirogues, quelle pratique intrigante ! Nous avançons paresseusement, alourdis par la chaleur, quand nous sommes surpris par un braiment… Nous sommes à la porte d’un sanctuaire pour les ânes, dédié à ceux qui sont à la retraite ou qui ont besoin de soins ; à Lamu, ils sont rois !
La boucle est bouclée, nous revoilà à notre point de départ… Il est temps de repartir vers notre époque, ravis d’avoir pu vivre une tranche de vie d’autrefois…
Note de l’auteur : Je remercie La Métisse de me donner cette fenêtre pour mon premier article. Merci de m’avoir donné goût à l’aventure ! Je t’aime…
Réponse de La Métisse : J’ai mené la vie dure au Chéri lors de la rédaction de ce billet ; il dira que c’est là mon habitude. Mais je trouve qu’il a bien bossé alors je tiens à lui dire publiquement BRAVO ! Et puis aussi, merci pour l’organisation de ce voyage, pour une fois je ne me suis pas du tout impliquée, et j’avoue que se laisser balader fait du bien ! Merci de me suivre dans mes aventures et mes délires… Mwassi je t’aime !
Bonus photo? Allez right…
Super vraiment NM, gros bravo; ce récit est fait avec beaucoup d’ amour ; les photos superbes et La Métisse tatouée… Oui vraiment magnifique ! Je vous aime fort aussi❤️
Merci Isa, toujours fan No. 1 même! 🙂
Magnifique article et belles photos.
Bravo
Merci Clarel! 🙂
Magnifique ! Cette lecture a été un voyage en soi. Un vrai guide du routard ! Je viens de rajouter Lamu à ma longue liste de destinations futures.
Elle s’allonge, elle s’allonge! Sans jamais s’épuiser… Oops! Ça craint un peu dit comme ça! 😛
Bravo Nel et la Métisse!
Merci Ben! 🙂