Pole pole* au dessus du maasai mara

*Pole pole veut dire « doucement doucement », j’aime particulièrement cette expression en swahili, parce qu’elle est exactement la même qu’à Maurice.

Pour aller se balader au-dessus du Maasai Mara, il y a deux possibilités : la première, c’est le petit avion qui vous emmène jusqu’à votre airstrip (ce n’est pas un aéroport, juste une piste en terre battue, il n’y a pas de contrôle de passeports ni de portiques détecteurs de métaux, pas de files interminables ni rien ! Le rêve absolu !). Il ne vole pas très haut, et la vue est géniale… La seconde possibilité est la montgolfière… là, c’est une toute autre histoire..


Du plus longtemps que je me souvienne, j’ai toujours voulu vivre des expériences sympas, comme grimper en haut de la Tour Eiffel, faire de la poterie, assister à de grands meetings, et bien d’autres encore. La montgolfière était sur cette fameuse liste, une liste qui ne cesse de s’allonger au fil des années. J’avais prévu d’assister au Mondial Air Balloon et j’ai failli admirer le lever du soleil sur les vignes à Stellenbosch il y a quelque temps, mais à chaque fois, des contretemps sont survenus ! Mais cette fois-ci, les billets sont réservés, le rendez-vous est fixé, mon rêve ne m’échappera pas !

Il fait nuit noire lorsque, les paupières encore lourdes, nous arrivons au site de décollage des ballons du Little Governor’s Camp… Nous sommes accueillis par des pilotes (capitaines) affichant un sourire bien trop large pour une heure aussi matinale. Ils nous dirigent vers les tables où nos réservations sont validées, puis nous invitent à savourer une boisson chaude accompagnée de cookies… Étant encore un peu dans le cirage et complètement congelée par les températures inhumaines du Maasai Mara, je ne me fais pas prier. Pour information, même 25 couches de vêtements chauds mauriciens ne résistent pas aux 1800 mètres d’altitude. Enfin bref…


Arrive le moment du briefing de sécurité, notre capitaine s’appelle Sergei. Cela fait plus de 20 ans qu’il vole, très gentil et hyper précis dans ses instructions. Même s’il affiche un air sévère et que personne n’ose prendre ce qu’il dit à la rigolade, à la fin du vol, nous aurons tous vu qu’il n’est pas aussi revêche qu’il en a l’air !

On est contents… mais on a froid!

Ça y est, le moment de décoller est arrivé. Nous sommes 15 dans la nacelle, divisée en cinq sections… Tout se déroule comme je l’avais imaginé. Nous quittons le sol sans même nous en rendre compte. L’ascension commence avec une telle douceur que même un ascenseur semble brusque en comparaison. Le soleil n’est pas encore tout à fait levé et la savane est d’un silence absolu. Seul le bruit des brûleurs à gaz, actionnés pour chauffer l’air à l’intérieur du ballon, nous rappelle la réalité. Cette expérience est véritablement onirique.

Le soleil se lève et achève de chasser la brume sur les marécages, où les waterbucks nous observent avec curiosité.


L’observation commence : les éléphants font de gros dégâts en se frayant un passage entre les arbres de la forêt. Plus loin, les girafes drapées de leur élégance naturelle ignorent notre passage. En approchant du Mara (la rivière), nous surprenons des lions en train de manger à même la carcasse de leur dernière victime. Ils détalent dans tous les sens lorsque les brûleurs de notre montgolfière se remettent en route. Pour la première fois, avec le recul que nous offre la hauteur, nous pouvons suivre leurs déplacements.


Les hippopotames rentrent de leur virée nocturne et mettent leurs peaux fragiles à l’abri du soleil dans l’eau du Mara, sous l’œil attentif des crocodiles qui semblent toujours en embuscade, attendant la période de migration.

Hello hippo!


Le ballon à air chaud ne se contente pas de maintenir une altitude constante. Sergei nous fait descendre avec la nacelle pour frôler la cime des arbres et survoler la rivière de plus près, ou bien il nous fait monter haut dans le ciel pour jouer à saute-mouton au-dessus des montgolfières de ses collègues.

Je passe un moment délicieux, c’est encore mieux que ce à quoi je m’attendais, et je suis tellement contente que je laisse échapper un : « Ayooo maaariii bon ! » que Sergei ne saisit pas. Il me regarde avec de grands yeux et demande : « So you are happy?! » SOOO HAPPY!!!


Pour le moment de l’atterrissage, les directives étaient claires : « Quand je vous demanderai de ranger vos appareils et de vous sangler, ne posez pas de questions et exécutez-vous dans la seconde », avait exigé l’aéronaute lors du briefing de sécurité. Apparemment, tout le monde n’est pas aussi serein que moi (hmm… Chéri… Tu vois de qui je parle ?), je sens un peu de nervosité dans l’air. Dès qu’il nous communique les consignes, comme de bons petits soldats, tout le monde s’exécute. L’atterrissage est… plus brusque que ce à quoi je m’attendais, mais franchement pas de quoi fouetter un guépard ! Une fois notre nacelle stabilisée, ce qui nécessite un peu de gymnastique de la part de Sergei, nous sommes invités à nous diriger à pied vers la route, à quelques centaines de mètres, où nous attendent nos véhicules qui nous conduiront au prochain point de rendez-vous. Ce faisant, nous croisons des dizaines de bonhommes en combinaison rouge. Ce sont les petites mains qui permettent toute cette magie.


Bien avant l’aube, ils déplient les ballons, les mettent à plat sur le sol, les font gonfler à l’aide de ventilateurs géants, alignent les nacelles, les déplacent pour leur donner un départ optimal. Et à l’arrivée, c’est encore eux qui viennent récupérer toutes les montgolfières, qui plient les ballons, qui chargent les immenses paniers sur des camions tout aussi impressionnants… Et qui recommencent tout ça le lendemain!


La dernière étape, c’est le petit-déjeuner. Nous sommes tous conviés à un véritable festin en pleine savane, accueillis comme il se doit avec du prosecco. Le buffet est complet : charcuterie, viennoiseries, fruits, café, œufs, et même des crêpes dont le capitaine prétend qu’elles sont aussi bonnes que celles de sa grand-mère ! L’ambiance est à la cool, chaque montgolfière a une table attribuée, et les convives en profitent pour faire connaissance, échanger leurs impressions et questionner leur pilote.


Chaque table a son rituel : nos voisins de gauche rigolent aux plaisanteries de leur capitaine, ceux de droite sont attentifs au discours en cours, et nous, après une énième flûte remplie de bulles, nous recevons tous des certificats de vol décernés par Sergei, qui nous appelle ses co-pilotes ! Les applaudissements et les woohoo retentissent encore quand les premiers véhicules des différents camps s’approchent pour récupérer leurs invités. James est fidèle au rendez-vous… Une longue journée de safari nous attend ; mais ça, c’est une autre histoire…

8 Comments

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  1. Super beau ce récit, je n’ arrête pas d’ imaginer la vue d’ en haut de ce ballon, juste inimaginable n’ est ce pas? ❤️❤️

  2. Dolores de St Philippe Desplace 4 juillet 2023 — 5h27

    Magnifique recit, tu me fais rêver. Je t’ai lu ce matin au reveil et je n’avais qu’une envie « faire une virée en montgolfière » et en Afrique de surcroit. Du coup je l’ai rajouté à ma chère liste… Un grand merci

  3. Coucou ma Nana, j’ai aussi ce rêve dans ma liste et j’espère bien le réaliser un jour comme toi. Il semble à la lecture de ton récit qu’il n’y avait pas plus parfait comme cadre, je me suis laissée embarquer avec toi et tous ces animaux :))

  4. Merveilleux, on a l’impression d’y être aussi.

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