« La bonne compagnie est une république dispersée, dont on rencontre quelquefois les membres. » Voltaire, Les pensées philosophiques
C’est la première fois que je vais aux Seychelles, et sur la liste des ‘choses à faire aux Seychelles’ figure en tête : rencontrer les locaux. Je ne sais jamais qui je vais rencontrer lors de mes escapades autour du globe. En Croatie j’ai rencontré des Japonais, à Rodrigues un Guadeloupéen qui vit à Paris et une Française qui vit en Guadeloupe… Cette fois-ci, ma famille, mes amis, certains collègues… bref le monde entier… m’a assuré que les Seychellois forment un peuple admirable, qu’il fallait que je les rencontre, que j’apprécierais leur simplicité et leur gentillesse… Je n’ai pas été déçue une seconde.
Durant les cinq jours en catamaran, où que nous mouillons, les voisins-flottants prennent de nos nouvelles; nous ne nous étonnons pas vraiment du rapprochement des skippers, intrigués qu’ils sont par ces voyageurs qui parlent le même créole qu’eux, mais avec un drôle d’accent, qui apprécient la bière et le rum, et qui rient de bon cœur en découvrant leurs expressions populaires!
« Permission de monter à bord? » C’est ainsi que certains d’entres eux s’annoncent! Alors que leurs passagers se sont absentés pour la journée et que leurs corvées sont terminées, nous recevons à bord les skippers des catamarans voisins. Une vraie connexion se fait, Ras Ricky et Ron partagent une bière avec nous; pas un silence ne ponctue cette réunion impromptue, nous discutons beaucoup de musique et de leurs métiers, puis des nôtres, nous déjeunons sur le pouce, et alors que leurs embarcations s’éloignent toutes voiles dehors, nous nous promettons de nous revoir à Maurice, à coup de baisers volants et de grands signes de la main de notre pont aux leurs.
Allen (la première photo) qui a son propre catamaran qui répond au doux nom d’Aline, et qui nous loue une canne à pêche, me touche particulièrement. Il n’est pas évident de se faire une place sur un marché où rivalisent les embarcations rutilantes. Alors il loue les cabines plutôt que le catamaran, avec un programme pré-établi bien rôdé sur plusieurs jours, et il ne désemplit pas. Je suis heureuse pour lui et je salue son courage!
À La Digue nous avons rencontré Jean-Marc – le skipper le plus silencieux que la terre ait porté – et son collègue Khalil, qui lui parle pour deux, ils travaillent à Trek Divers et également Aubery de la compagnie Bat-o-bleu qui viennent partager notre repas et quelques heures de rigolade quand, leurs journées finies, ils s’accordent un moment de répit. Entre eux il n’y à pas de fausse camaraderie.
Ils ont tellement d’histoires à partager, de souvenirs de voyages, car ils ont des passeports bien remplis pour avoir bossé sur des pétroliers, convoyé des catamarans flambant neufs, et certains même ont des projets de voyage en commun.
Nous nous prenons à rêver avec eux : rire avec Fred (Fédo pour ses amis) sur ses interprétations des classiques du séga mauricien nous semble aussi naturel que de leur faire offrir un plat de pâtes carbonara, ou d’emprunter des champignons au catamaran voisin.
Voilà ce que je retiens de ces rencontres : les Seychellois font peu cas des différences, tout ce qu’ils attendent d’une soirée réussie c’est que l’ambiance soit bonne et les personnes présentes sincères. Ils refusent rarement un bon repas, ou une bière fraîche. La communauté des skippers est une source d’information précieuse, ils savent tout ce qui se passe sur les îles, connaissent plein de monde sur place et sont toujours prêts à aider. Ils connaissent les maisons des célébrités, qui est là et qui ne l’est pas. C’est ainsi qu’avant même d’accoster à La Digue, Dereck notre skipper, avait réservé nos vélos; je sais également qu’ils sont très solidaires, et toujours prêts à aider leurs collègues en cas d’avarie.
Dereck justement… La sobriété incarnée dans ses vieux t-shirts mauriciens, s’est montré amusé par notre stock de bière et a déclaré qu’il faudrait demander de l’aide aux Nations unies pour en venir à bout. Pendant ces cinq jours, il a été notre guide, nous contant comment Moyenne Island avait appartenu à un Anglais qui l’a léguée aux Seychelles sous la condition expresse qu’aucun développement n’en vienne perturber la nature; nous assistant pour la pêche, bien qu’à l’arrivée nous n’ayons rien attrapé, et nous renseignant sur tous les poissons que nous croisions, toujours à l’écoute et veillant à notre sécurité. Il a été de bon conseil pour les découvertes à faire sur les îles, et je lui serai toujours reconnaissante de son amitié spontanée.
Le petit lexique :
Ki dil? : Quoi de neuf?
Pélouse : Champs d’action
Gajacks : Le goûter (Pour les amuse-gueules ils disent: snacks)
Totid’mé : Tortue de mer
Dalon : Mec, pote, personne
Mon : Moi
Ki manière : Comment (Ki manière ou appelé? Comment tu t’appelles?)
Esper mon : Attendez-moi
Napa problem : Pas de soucis
Ou donne graine : Tu m’énerves, tu me causes des soucis.
Oplezir : Aurevoir, à bientôt
Laisser un commentaire