Mbirika (se prononce Brika) a dit : « Les Maasais sont un peuple d’éleveurs dont le régime de base est le sang de bœuf, le lait et la viande. Avec l’éducation que les enfants reçoivent aujourd’hui à l’école, les choses changent forcément. Aujourd’hui, nous mangeons de manière plus variée. »
Mbirika allume tous les soirs un feu de camp au Kilima Camp où nous résidons. Il nous installe confortablement en veillant à ce que chaque invité ait une place sur les chaises pliantes. Une fois que tout le monde a un verre et quelque chose à grignoter à l’apéro, il raconte la vie de son peuple. Il s’arrête souvent pour demander sur un ton professoral : « Vous avez des questions ? »
Mbirika est très attaché à la culture Maasai, aux traditions et aux valeurs de sa tribu. Il a appris à chasser, à élever des bœufs, à faire du feu avec deux bouts de bois, à éviter les pièges de la savane africaine et à conduire son troupeau à pied depuis le Maasai Mara jusqu’à Nairobi pour le vendre ! Lors de ce périple d’une semaine, Mbirika campe avec son collègue dans la nature sauvage et veille à ce que le troupeau ne s’éparpille pas dans l’immensité du Kenya.
Mbirika raconte que traditionnellement, pour être reconnu comme un homme et pour être en mesure de se marier, les jeunes gens chassent le lion. Le premier à toucher le lion de sa lance remporte le trophée de la crinière, la partie la plus prisée.
James est aussi Maasai. C’est notre chauffeur, notre guide, notre organisateur de safari, notre garde du corps. Nous aimons beaucoup James. James dit que les anciens accordent beaucoup de valeur à ce rituel. Ceux qui rapportent un lion sont considérés comme de vrais guerriers. Les pattes et la queue sont également de beaux trophées ! James précise qu’aujourd’hui, il est mal vu de toucher aux animaux de la savane, cela pourrait valoir des années d’incarcération aux contrevenants. Mais je vous parlerai de James dans un autre billet !
Mbirika dit que lorsque les jeunes gens, devenus des hommes, rentrent au village, tout le monde les accueille en héros. Les cérémonies qui s’ensuivent sont un tournant dans la vie d’un homme. L’émotion pousse petits et grands, hommes et femmes, aux larmes.
Mbirika est le guérisseur de son village. Il connaît toutes les plantes, celles qui peuvent être consommées, qui servent de déodorant ou de papier sablé, mais aussi celles qui servent à guérir les gorges enflammées ou les yeux irrités: « Nous les Maasais, nous ne portons pas de lunettes! »
Mbirika dit qu’autrefois, les Maasais pouvaient épouser plusieurs femmes. Lui, il n’en a qu’une et plusieurs enfants avec elle. Mbirika dit que c’est déjà suffisamment de dépenses et de problèmes !
Mbirika nous fait visiter un village maasai traditionnel : un ensemble de cases de formes arrondies, disposées en demi-cercle autour d’une place centrale. Le village est constitué de neuf maisonnettes, presque identiques en taille. Elles sont entourées d’une barrière de branches formant un cercle, et cette clôture possède deux entrées. Le soir, lorsque les vaches et les chèvres ont fini de se sustenter, les Maasais les rentrent dans l’enceinte du village et les portes sont refermées.
Chaque case est décorée à l’extérieur selon la fantaisie des femmes, car ce sont elles qui les construisent. Elles sont faites de branches, et un enduit étanche est réalisé à partir de bouse de vache, d’herbe et d’eau. Il y a quatre parties dans chaque case : une partie servant de « salon » avec un tout petit banc, et s’ils reçoivent des invités, ils mettent des tapis au sol ; une partie réservée à la couchette des enfants ; une plus grande pièce où dort d’un côté Monsieur sur un sommier en branches et des peaux de bœufs, et de l’autre côté Madame. Du côté de Monsieur, il y a une toute petite ouverture qui lui permet de jeter un œil dehors au cas où il y aurait de l’agitation au milieu de la nuit. Si les cloches du bétail se mettent à tinter, c’est qu’il y a peut-être un prédateur à chasser du village. Et entre les deux couchettes, il y a un foyer qui garde la maisonnette au chaud (parce que dans le Maasai Mara, il fait très froid la nuit !) et qui sert évidemment de plaque de cuisson.
Pendant que les hommes s’occupent du bétail, éventuellement de la chasse et du commerce, les femmes ont la lourde charge de l’éducation des enfants et de l’entretien de la maison et de la cuisine en général. Elles s’occupent aussi de fabriquer des ceintures, des chaussures, des masques et d’autres petits objets en perles colorées pour les vendre aux visiteurs de passage.
Alors que tout le monde est vêtu en kakis, beiges et greiges tristes comme Meryl Streep dans « Out of Africa », les Maasais eux préfèrent le rouge sang (ou le fuchsia parfois) ! Mbirika dit que cela impressionne les éventuels prédateurs. Lorsqu’ils marchent d’un même pas dans les hautes herbes, les lions les perçoivent comme un danger potentiel et se tiennent tranquilles.
Mbirika veut dire « théière », ce n’est pas son vrai nom, mais depuis l’enfance, les amies de sa mère, grande amatrice d’infusion, l’appellent ainsi. Alors, il tient à son surnom. Parfois, il demande :
– What does Mbirika mean?
– Ça signifie théière.
– Oui, souvenez-vous-en… C’est très important !
Mbirika s’intéresse beaucoup à notre mode de vie. Ça l’étonne que nous achetions notre lait au supermarché, et quelle bêtise que de vivre dans un village côtier et d’acheter notre poisson… Ne serait-il pas plus logique que nous allions à la pêche?
Dubitatif, il remonte sur son promontoire préféré et observe intensément la savane, comme s’il planifiait déjà son prochain départ à pied pour Nairobi, où il sait qu’il fera de bonnes affaires avec son troupeau.
Super émouvant et comme on a envie d’aller dans le Maasai Mara , y rencontrer Mbirika et visiter sa jolie ‘case’ dans ce village merveilleux! Merci LMAD de toujours nous transporter vers des endroits extraordinaires, comme si nous y étions! Ce soir je rêverais de ma case joliment décorée dans la savane!❤️⚘️
C’est moi qui te dis merci pour ton soutien indéfectible! 🙂