Pensée spéciale pour toute la bande du LCC et du St. Jo. Oui, ça m’arrive encore de penser à vous! <3

Mon corps est mon journal et mes tatouages sont mon histoire.
Johnny Depp

Ricardo Barbe et moi, on a cette amitié un peu spéciale qui est basée sur les sarcasmes et le badinage. On se voit très rarement, mais immanquablement, il répond avec ironie à mes vannes, et je lui rends la pareille. Salty West est la parfaite excuse pour aller prendre des nouvelles … et me faire un nouveau tatouage !

Quoi dneuf ?

Du parking devant le St Mary’s Court sur la Route Royale de Flic-en-Flac, j’entends le grésillement des aiguilles, c’est comme ça que je sais que le maître est à l’oeuvre ! J’emprunte l’escalier où des images de magnifiques corps tatoués sont placardés aux murs et pousse la porte du studio. « Bonjour ! Ça va ? » m’accueille-t-il en me lançant un regard au-dessus de ses verres. En finissant son oeuvre il me propose une tasse de café, en précisant: « Ce n’est pas une plaisanterie ! » Je vais finir l’aventure Salty West en overdose de café, alors je décline poliment.

Une fois qu’il a raccompagné son client, je le suis dans son bureau où nous commençons par échanger des nouvelles et évoquer les vieux souvenirs. Les dates deviennent floues, donc pour nous situer, nous nous référons à l’époque où il était guitariste, et qu’avec ma bande de copines, on allait voir répéter ‘les garçons’ dans la cave du Saint-Joseph :
Est-ce que tu joues toujours ?
Je jam avec mes meilleurs amis, on n’est pas mauvais…
Vous êtes un groupe ?
Nah, pas vraiment, je n’ai pas cette ambition en tous cas !
Et tu peins toujours ?
Plus de tableau, plus de sculpture, et pas depuis que j’ai quitté les beaux-arts; ce n’est pourtant pas l’envie qui me manque !
Et ?
Mon travail bouffe mon temps et mon énergie.
Ton métier est difficile ? Tu te mets la pression ?
Très… trop…
Pourquoi c’est important ?
Déjà pour mon évolution…

T’étais où quand je t’ai perdu de vue ?

J’ai perdu la trace de Ricardo pendant une bonne dizaine d’années, c’était après le collège quand la bande s’est plus ou moins dissoute alors que nous nous éparpillions dans différentes écoles dans le monde… Un monde où les réseaux sociaux s’appelaient bureau de poste et téléphone fixe ! Deux questions s’imposaient : qu’est-il devenu après le HSC ? Et comment est-il entré en collision avec le monde du tatouage ?

« J’étais graphic designer » et comme il gravitait perpétuellement autour du monde de l’art, il explique : « À l’école je participais déjà à des concours de fresques, j’aidais à la confection des décors de théâtre. J’ai toujours été un touche-à-tout, et j’ai commencé à faire des soirées body painting en boîte de nuit, ça a été un premier déclic ; j’ai aussi essayé le mehendi, comme si j’évoluais déjà autour du monde du tatouage sans le savoir, c’était comme une idée qui me trottait dans la tête! »

Tu n’as jamais été un bad boy
(Rires) En fait, je suis devenu adulte trop tôt. Pendant longtemps, ma famille, c’était d’abord mes amis. Le fait de devenir un tatoueur n’a choqué aucun d’eux, ils ne m’ont pas découragé, ils s’attendaient à ce que je fasse un truc dans ce goût-là.
Il y a une espèce de réputation qui accompagne cet art…
En effet, il y avait un certain tabou autour de cette pratique.

Il se souvient qu’à l’époque il n’y avait officiellement qu’un tatoueur sur l’île et qu’il est allé à sa rencontre ; mais, même s’il en a reçu des encouragements, en terme de formation, il n’a pu compter que sur lui-même! « Tu sais, à l’époque internet était à ses balbutiements, il n’y avait presque pas d’infos, alors j’ai appris plus ou moins à l’instinct ! J’ai trouvé un starter kit d’occasion en Australie qui m’a coûté Rs. 30 000, j’avais 24 ans, et pas vraiment d’argent. J’ai pris mon premier emprunt à la banque alors que je touchais Rs. 3 000 par mois. Un cousin m’a ramené le colis, lequel était sans mode d’emploi ! Ça a été le parcours du combattant ! »

Tu étais tatoué ?
Je me suis fait mon premier tatouage, déjà pour pratiquer, mais aussi pour connaître la sensation, la mode était aux symboles tribaux.
C’était comment ?
Je ne savais pas vraiment ce que je faisais ; mais tous les amis y sont passés. Bon… Le principal c’est qu’ils sont toujours mes amis.
Et après ?
Je suis allé voir le seul tatoueur de l’île, qui m’a encouragé… Mais sans plus…
Tu es un autodidacte…
Jusqu’à ma rencontre avec Alex Nardini et là… Ma vie prend un autre tournant. Il m’a trouvé par internet alors qu’il projetait de venir à Maurice. Il arrive à me convaincre de quitter mon salon de tatouage à la maison, pour m’installer en ville. Comme ‘par hasard’, un espace commercial se libère à Beau-Bassin et je me mets à croire que rien n’arrive ‘par hasard’! J’ai un bon feeling et je déménage mon studio.

Avec Alex, j’ai une formation grande vitesse, son expertise m’impressionne, mieux encore, il m’invite en Italie. Quand j’arrive au studio d’Alex, je suis un peu refroidi par sa réaction face à mon travail. Mais c’est un moment décisif: est-ce que je me braque ? Ou alors… Est-ce que je profite de tout le savoir qu’il est prêt à partager avec moi ?

Pendant trois semaines li tir mo zi. Il m’a stressé à mort, j’apprends avec sa méthode quasi militaire: la communication est très ardue et je n’avais personne à qui me confier. Mais il me parle de revenir l’année suivante, m’encourage à améliorer mes dessins… À mon deuxième passage à San Remo, il me met au défi de cesser toutes mes autres activités et de me consacrer au tatouage. Une année plus tard, il continue à me malmener, me pousse encore et toujours, au point ou je finis par intégrer les beaux-arts à temps partiel. Ça m’a pris trois ans. Alex revient à Maurice, et cette fois j’ai droit à de véritables félicitations. Je pense qu’il avait vu mon potentiel. Aujourd’hui je comprends comment il fonctionne, il est le plus beau cadeau que m’a offert mon métier!

Et maintenant, quelle est ton ambition?
Je veux devenir un des meilleurs tatoueurs au monde.
Ça va changer qui tu es…
Ric, sera toujours Ric ! Rien ne changera. (C’est vrai qu’il est authentique, il n’a pas changé d’un iota depuis que je le connais.)
Et après ?
Transmettre mes connaissances.
Ce n’est pas la première fois que je te vois former quelqu’un !
Et ce n’est pas toujours une bonne expérience. J’ai même été volé par mes propres employés. Pour ceux qui en doutent, je ne plaisante plus avec ça !
C’est ta plus grande déception ?
Hmm, oui ! Pas de les avoir formés, mais certainement leur comportement !
Qui refuses-tu de tatouer ?
Les mineurs sans autorisation. Je n’encourage pas les mineurs à se faire tatouer, beaucoup trop de regrets après ! Mais s’ils viennent avec une autorisation que puis-je y faire ?
Quelle est ta plus grande fierté ?
C’est de gagner ma vie avec mes mains.
Tu considères que tu es un artiste ?

OK, alors… Moi je te vois comme un artiste…
On me l’a dit plusieurs fois…
C’est difficile de dire : « Je suis un artiste ? »
Je trouve que c’est prétentieux !
Tu aimerais que ton fils fasse ce métier ?
Oui, mais je me refuse à l’influencer.
Il n’a que trois ans !
Mais il fait déjà de très belles lignes (rires)
Le talent c’est génétique ?
Oui, ma mère dessinait très bien, ma grand-mère était fleuriste et mes tantes aussi. Il y a toujours eu cet enclin au travail manuel, dans l’élégance et la beauté dans la famille !
Alors on le prend ce rendez-vous pour mon prochain tatouage ?
Passe à la réception !

Depuis cet entretien, je me suis fait faire un quatrième tatouage, et toi Vagabond ? T’attends quoi ?

Vagabond,
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