Nous avons pris la route à Nantes, tôt, un peu trop tôt si on se réfère à notre état ensommeillé, et à mon manque de caféine! Nous, c’est ma sœur et moi, de temps à autre, nous nous accordons des bulles, pas de celles que nous trouvons dans le champagne, mais des bulles de temps privilégié où nous allons ensemble découvrir des lieux tels que Londres ou New York! Nous n’avons pas la chance de vivre dans la même ville ou dans le même pays, nous ne partageons même pas le même hémisphère… Cette année, nous avons décidé de faire une virée dans le sud de la France!
C’est le printemps en Europe, ce n’est pas la première fois que j’affronte le froid sur le vieux continent, mais voilà… je me caille les miches! Il fait super beau pourtant!!! L’autoroute est bordée de champs de colza, et en approchant de Bordeaux, les fleurs jaunes font peu à peu place à des vignes à perte de vue, les ceps sont alignés tels des soldats d’une armée toute tordue! La Gironde est parsemée de châteaux, petits et grands, bien entretenus ou diminués par le temps… Un paysage qui m’est exotique, moi qui suis habituée aux champs de canne à sucre!
Notre route nous ramènera plus tard vers Bordeaux car pour l’instant, l’itinéraire que nous nous sommes choisi nous conduit à Toulouse, où nous dormirons cette nuit, puis à Nice. Au retour, nous nous arrêterons boire du vin à Bordeaux et enfin, retour à Nantes!
Si l’idée datait de quelques mois déjà, nous avons mis deux jours pour nous préparer véritablement! Deux jours durant lesquels nous avons fêté nos retrouvailles dignement : galettes et bière avant la soirée Psych-Erdre-Elique – évidemment arrosée de bière – dans un décor dans l’esprit récup, fait de vieilles planches, de cartons et de bouts de ficelles, poursuivant la nuit au Dynamo qui recevait les Carreleurs américains, une fanfare rock! Lendemain, déjeuner à la bière avec des potes et un apéro à la bière avec Stef (de qui je vous parlerai un de ces jours !) et sa jolie famille!
Dans un premier temps nous pensions louer une voiture, puis avons envisagé l’avion, le train, bref, notre choix s’est arrêté sur Bla-Bla Car (où es-tu, où es-tu?). Pour le moment le trajet est détendu, il n’y a pas de grande conversation, mais pas de stress, ça papote tranquillement devant, nous avons la banquette studieuse où nous gribouillons chacune de notre côté et à l’arrière du fourgon, j’entends bailler et du coin de l’œil je vois dormir le jeunot qui étudie pour devenir prof de sport… Tout ça en se refilant des mots croisés et des stylos, en s’accordant sur les arrêts, et pi v’la… Au fil des pauses, nous apprenons que nos compagnons de route sont des musiciens de retour de tournée, les Vieilles Pies, les cartes s’échangent bien avant la fin du trajet!
Toulouse : nous n’avons pas beaucoup de temps dans la ville rose, juste assez pour goûter à son énergie, voir ses belles places, et prendre l’apéro sur l’une d’elles en rigolant des conversations des autres… Notre serveur du Jardin des thés – Côté fontaine est adorable, les toilettes sont propres et la bière est fraîche juste comme il faut dans cette relative tiédeur. Il faut se l’avouer, sur la Place de la Trinité la température est bien clémente, un contraste certain, pour ceux qui ont suivi, avec la semaine précédente où j’étais à Bruxelles…
Un dîner sur le pouce, une marche au pas de course à travers la place du Salin, celle des Carmes, la rue des Filatiers, la rue piétonnière St. Rome, la place du Capitole où se tient la Nuit debout et un dernier coup d’œil au manège de la place Wilson, l’allée Jean Jaurès se vide rapidement, temps pour nous de rentrer! Demain la journée sera longue!
A 9h50, nous sommes comme prévu à notre lieu de rendez-vous, nous n’avons pas trouvé de voiture faisant le trajet Toulouse-Nice, du coup nous nous arrêtons à Aix-en-Provence pour prendre un autre blablacarteur! Sur l’autoroute qui mène à Montpellier, Arnaud notre conducteur roule à vive allure, il semble maîtriser le retard pris à cause de la circulation; selon le GPS il y a moins de 206 kilomètres à parcourir avant le prochain arrêt, ce qui me semble beaucoup compte tenu du silence dans le véhicule!!!
Bla bla car – avantages et inconvénients : je trouve génial de faire du covoiturage, on rencontre des gens sympas, mais pas toujours, on paye moins de la moitié de ce qu’un trajet aurait pu nous coûter en train, parfois dans des véhicules qui ont bien vécu, ou pas si bien que ça, on a tout le loisir de regarder les magnifiques paysages pendant qu’on se fait conduire, pas de péage à payer, et parfois même on nous offre des crêpes en route!
Nous sommes à quelques kilomètres de Carcassonne, ma grand-mère qui avait fait le tour du monde, rien que ça, m’en avait rapporté un bol, avec mon nom dessus; petite, au fur et à mesure que j’avalais mon chocolat, je découvrais la cité médiévale! Aujourd’hui, le bol est un peu ébréché, mais il tient la route! Je ne m’en sers plus vraiment, mais je le garde précieusement en attendant d’aller visiter les lieux moi-même! « Regarde ça, regarde je te dis! » À l’impératif… Ça doit être important, ma sœur pointe du doigt le chateau qui se découpe sur un fond montagneux bleu-acier, évidemment la photo est ratée!!! Au retour faudra que je fasse attention!
La campagne est magnifique, mais là où ça devient vraiment surprenant, c’est quand nous prenons la route vers Nice en voiture avec la très sympathique Amandine! On sent vraiment l’imminence de l’été, sur les côtés de la route, la terre semble crayeuse, voire sablonneuse, les reliefs changent drastiquement et les villages aux toitures terre-de-sienne que nous apercevons de loin ont l’air paisibles et accueillants, souvent, un vieux clocher semble veiller sur cette apparente quiétude ; il me vient alors à l’idée que leurs spécialités culinaires doivent valoir le détour!
Nice : moi qui déteste les chaussures fermées, j’ai les orteils en fête! Enfin ils revoient la lumière, je sors les sandalettes grecques, les lunettes de soleil, je pose le manteau! Direction la Promenade des Anglais! Wai, bref… C’est juste un lieu pour se montrer quoi: de la mamie tirée à quatre épingles avec un chien qu’on ne peut voir qu’avec une loupe, coincé sous l’aisselle, au sportif bronzé et perlant de sueur, tous ont l’air de sortir d’une revue de mode! Hôtels chicos côté terre et plage de galets grisâtre côté mer! Tout n’est que succession de balcons en fer forgé, de pépés en vestons, de chiens microscopiques revenant de chez le toiletteur, de cyclistes énervés, d’apprentis skateurs et de travaux…
Direction le vieux Nice, les ruelles sont colorées, animées, elle me font penser aux îles grecques! Vieux pavés, enseignes rigolotes, vitrines regorgeant de savons artisanaux et de sent-bon à la lavande, étalant les produits locaux avec fierté. Un petit marché de fleurs et de spécialités niçoises nous attire et nous y rencontrons une dame qui fait du miel au thym, au romarin et à la lavande! Malgré mon rhume, je détecte les goûts inattendus, et me laisse tenter par l’idée d’un yaourt nature, sucré par cette merveille!
Au bout du marché s’étend une place où les terrasses de restos hors de prix nous tendent les bras, exposées au soleil, nous nous laissons sottement tenter par des bières (à 6€50 nous l’apprenons à nos dépens !) avant de reprendre la route vers la Coulée verte en direction du MAMAC (Musée d’art moderne et d’art contemporain) Je joue de mon statut de journaliste pour profiter d’une entrée gratuite! De belles choses et certaines moins intéressantes! Niki de St Phalle, César, Warhol et Klein sont ceux que je retiens, ceux qui m’ont le plus fait plaisir! Demain, nous serons à Bordeaux, j’ai hâte de revoir cette ville et goûter à nouveau à ses spécialités gastronomiques !
C’est à l’aube que nous rencontrons Super-mamie, c’est elle qui nous conduit en Gironde, elle est enjouée, fume le cigare à chaque arrêt, se gave de chewing-gum à la chlorophylle et d’eau tout le long des 8 heures de route et jure comme un charretier ! Super-mamie est bien apprêtée, aime les sacs à main de marque, et elle conduit prudemment. Je la kiffe de suite! Quand nous arrivons à hauteur de la ville fortifiée de Carcassonne, elle ralentit pour que je puisse prendre des photos, et nous dépose à quelques centaines de mètres de notre hôtel, bien plus près que ce qui était prévu à l’origine! À peine installées, nous nous allons à l’assaut de la ville!
À la place des Quinconces, le Monument aux Girondins est à sec! Les chevaux ont juste l’air bête et couverts de vert de gris, au lieu de jaillir de l’eau en vainqueurs, ils ont presque une attitude terrifiée ! Les skateurs s’en donnent à cœur joie, tentant de faire voir leurs nouveaux tours à leur potes, certains s’éclatent la tronche sur les marches en marbres, d’autres atterrissent plus ou moins sur leurs pieds, mais visiblement ce n’est pas l’effet escompté! La rue Sainte Catherine est noire de monde, nous marchons sans but véritable, découvrant quelques étapes du pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle sur notre route, faisons une boucle énorme par la Cathédrale St André et le Miroir d’eau pour rejoindre la rue St Rémy afin de faire un dîner de fête, car c’est la dernière soirée du road trip!
C’est à la rue des Faussets que nous nous arrêtons, Chez les Ploucs! Nan, ce n’est pas une blague idiote, c’est véritablement le nom du resto! C’est dans un décor campagnard, de nappes en toile cirée, de casseroles en cuivre pendues au plafond, et au son d’un chanteur sans voix mais fort sympathique que nous dégustons une salade aux gésiers confits et au magret fumé! C’est copieux, mais le vin recommandé est dépourvu de caractère ! Le foie gras n’est pas terrible, l’entrecôte une atrocité, la sauce au bleu trop cuite, les frites molles! Le magret rosé passe bien, et finalement on se fait au vin et nous aidons même le chanteur à terminer ‘Femme libérée’! Pour se faire pardonner la qualité du repas, le patron nous offre des digestifs (trois fois pour moi)! Un peu grisées nous regagnons l’hôtel des 4 sœurs sur le Cours 30 juillet, sans en garder rigueur au restaurateur, après tout, nous avons passé une bonne soirée!
Retour : je fais la somme de nos expériences, rencontres et péripéties dans la fourgonnette qui nous ramène. Elle sent un peu le chien mouillé et le vieux fromage, il y a tout un bric à brac entassé à nos pieds, et la pâtissière et son chéri qui nous conduit ont beau être sympathiques, nous prenons du retard. Ils empruntent les nationales en touristes…
Bref… J’ai appris que :
1. Une nuit dans une ville c’est très frustrant et …
2. Les longs trajets en voitures sont épuisants, et enchaîner avec de longues excursions urbaines, c’est de la folie!
3. Ne pas trop bien noter les chauffeurs, ils ne rendent pas la pareille.
4. S’il n’est pas possible d’avoir un trajet d’une ville à l’autre, il faut envisager de morceler la destination.
5. Prévoir des sujets de conversation pour le trajet (les plus belles toilettes visitées, générique de dessins animés, ou encore, invoquer la liste des choses à bouffer avant de clamser!)
Un bonus photographique?
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